Les onychomycoses à Fusarium spp. sont souvent décrites comme étant une leuconychie proximale superficielle avec ou sans paronychie. Nous avons aussi observé des onychomycoses à Fusarium avec hyperkératose diffuse et une coloration jaunâtre semblable à celle observée avec des dermatophytes. Fusarium sp. affecte généralement l’ongle du gros orteil (hallux) dystrophique spécialement chez les patients ayant subi un traumatisme ou des microtraumatismes répétés. Une moisissure doit être soupçonnée être l’agent infectieux d’une onychomycose dès que l’on observe l’échec de traitements multiples, un examen direct positif avec l’absence de dermatophyte en culture, et l’infection de l’hallux sans autre signe de mycose interorteils, plantaires ou d’antécédents anamnestiques mycosiques du pied.
Il ne peut pas être non plus exclu qu’une moisissure dans l’ongle ait été précédée par un dermatophyte, et qu’elle ait continué à se développer après élimination du dermatophyte par un traitement préalable avec de la terbinafine ou de l’itraconazole. Des cas d’infections mixtes à Fusarium sp. et à Trichophyton sp. ont été observés. Dans certains cas, une moisissure a été observée après la disparition de T. rubrum suite au traitement. L’usage intensif de certains antifongiques pourrait être une cause d’une augmentation des onychomycoses à moisissures. Toutefois, à ce jour, ces cas de figures n’ont pas été formellement observés par les auteurs.
L’identification de l’agent infectieux dans une onychomycose est très importante afin de prescrire un traitement adéquat, avant toute investigation pour rechercher une possible résistance acquise. Les cas de résistances des dermatophytes aux antifongiques sont très rares. En routine, un examen mycologique direct et des cultures sont faits au laboratoire de mycologie au CHUV pour chaque cas suspect d’onychomycose. Cependant, l’identification des champignons dans les ongles par PCR est effectuée dans de nombreux cas pour confirmer la présence de moisissures (en particulierFusarium spp. et Acremonium spp.) qui sont insensibles aux traitements standards actuels efficaces contre les dermatophytes.